Dans le monde du cyclisme, certains noms résonnent avec un prestige particulier. Pinarello est de ceux-là. Marque italienne emblématique, elle s’est forgée une réputation de raffinement, d’innovation et de succès en compétition. De ses débuts modestes à ses partenariats fructueux avec les plus grandes équipes, l’histoire de Pinarello est intimement liée à l’évolution technologique du vélo et aux plus grands exploits du peloton.

Les origines de Pinarello : l’histoire d’une passion italienne
L’aventure Pinarello débute en 1952, à Trévise, dans le nord de l’Italie, sous l’impulsion de Giovanni Pinarello. Avant d’être un entrepreneur, Giovanni est avant tout un cycliste professionnel dans les années 1940. Si sa carrière sur le vélo reste modeste — il remporte tout de même la Maglia Nera du Giro d’Italia en 1951 (attribuée au dernier du classement général, mais devenue une distinction symbolique et médiatique) —, c’est dans l’atelier qu’il écrira la suite de son histoire.
En 1953, il fonde sa propre marque, Officine Pinarello, avec l’objectif de concevoir des cadres sur mesure pour les coureurs professionnels et amateurs. Rapidement, la qualité artisanale des vélos Pinarello séduit. Dès les années 1960 et 1970, la marque se fait remarquer sur les routes des classiques italiennes et du Giro.
L’évolution technologique : du cadre en acier aux innovations de pointe
Comme toute marque historique, Pinarello a accompagné — et parfois devancé — les grandes révolutions technologiques du cyclisme.
- Les années acier : Dans les premières décennies, les cadres Pinarello sont réalisés en acier Columbus, comme c’était la norme à l’époque. La marque se distingue déjà par la finesse de ses soudures et la géométrie nerveuse de ses cadres, pensés pour la compétition.
- L’arrivée de l’aluminium : Dans les années 1990, le cyclisme bascule progressivement vers des cadres plus légers. Pinarello adopte l’aluminium, avec des modèles qui font la jonction entre rigidité, poids contenu et confort.
- La révolution carbone : Au tournant des années 2000, Pinarello investit massivement dans le carbone, un matériau qui va transformer la conception des vélos de route. C’est à cette période qu’apparaît le célèbre Dogma, un modèle qui deviendra une référence mondiale. Avec des lignes sinueuses, une asymétrie assumée du cadre et une attention extrême à l’aérodynamisme, le Dogma marque un tournant et devient la machine des champions.
- Aérodynamisme et intégration : Les dernières générations de Pinarello Dogma (F8, F10, F12 et aujourd’hui Dogma F) repoussent les limites de l’aérodynamique et de l’intégration. Freins à disque parfaitement intégrés, câblerie dissimulée, optimisation du cadre en soufflerie et travail sur le moindre détail font des Pinarello des vélos d’avant-garde.

Pinarello et la Team Sky/Ineos : une alliance au sommet
L’histoire moderne de Pinarello est indissociable de son partenariat avec la Team Sky, devenue Ineos Grenadiers en 2019.
Ce partenariat débute en 2010, lors de la création de l’équipe britannique Sky, avec l’objectif affiché de remporter le Tour de France sous cinq ans. Pinarello devient alors le fournisseur officiel des vélos de l’équipe, un choix stratégique et symbolique, tant la marque italienne symbolise la performance en compétition.
Les résultats ne tardent pas à suivre :
- En 2012, Bradley Wiggins remporte le Tour de France sur un Pinarello Dogma 65.1 Think 2, offrant à la marque italienne un succès majeur dans l’épreuve reine.
- Chris Froome, avec quatre victoires sur le Tour de France (2013, 2015, 2016, 2017) ainsi qu’un Giro et une Vuelta, consacre encore davantage ce partenariat.
- Geraint Thomas en 2018 et Egan Bernal en 2019 perpétuent la tradition, tous sur des Pinarello Dogma dernière génération.
Au total, ce partenariat a généré plusieurs victoires finales sur le Tour, le Giro et la Vuelta, consolidant la réputation de Pinarello comme marque de champions. Cette collaboration technique s’appuie sur des échanges constants entre les ingénieurs de Pinarello et les équipes performance d’Ineos, permettant de développer des prototypes sur-mesure pour les grandes étapes de montagne, les contre-la-montre ou les étapes de plaine.
Le Dogma : un mythe vivant
Parmi tous les modèles de la marque, le Dogma est sans doute celui qui symbolise le mieux la philosophie de Pinarello. Véritable vitrine technologique, il a toujours été développé en collaboration avec les meilleures équipes et testé dans les conditions les plus exigeantes du peloton World Tour.
Sa géométrie asymétrique, destinée à compenser les forces de torsion exercées sur le cadre, son travail aérodynamique et l’attention portée à chaque gramme de matière font du Dogma une machine d’exception. Les différentes déclinaisons — du Dogma 60.1 au récent Dogma F — ont toutes marqué leur époque.

Pinarello aujourd’hui : entre héritage et innovation
Si la marque reste attachée à son héritage italien et à la culture artisanale du vélo, elle se positionne aujourd’hui comme un acteur majeur de l’innovation dans le cyclisme de route et le gravel. Pinarello développe aussi des modèles destinés au grand public, sans pour autant renier son ADN de performance.
En parallèle, la marque reste présente sur les grandes compétitions mondiales via l’équipe Ineos Grenadiers, perpétuant une collaboration fructueuse qui façonne les standards du peloton.
L’histoire de Pinarello est celle d’une marque qui a su traverser les époques, en s’adaptant aux évolutions technologiques sans jamais perdre son identité. Des premiers cadres en acier réalisés à Trévise aux Dogma utilisés par les leaders du peloton World Tour, Pinarello incarne ce que le cyclisme a de plus noble : une alliance de passion, de tradition et d’innovation.
Son partenariat avec la Team Sky puis Ineos Grenadiers restera comme l’un des plus fructueux de l’histoire moderne du cyclisme, scellant une relation où la performance et la technologie se nourrissent mutuellement.